Hubert Reeves… Nous en avons déjà parlé dans notre site. Eh bien, Hubert Reeves n’est plus. L’astrophysicien a quitté notre terre. Proche de la nature, il était constamment émerveillé par les beautés qu’elle nous offre.
Proche de la nature… A ce titre nous pouvons lui faire une place dans nos pensées. Même si nous sommes loin d’atteindre le niveau de connaissance et de sagesse de ce grand homme, nous avons avec lui un point commun : la passion de la nature et de la vie.
Il nous a quittés le 13 octobre dernier. En guise d’hommage, je propose à votre réflexion les lignes qui suivent qui proviennent d’une émission de France Inter.
Guy
C’est avec une immense tristesse que nous apprenions vendredi la disparition à 91 ans de l’astrophysicien Hubert Reeves. Hubert était vraiment une étoile à part dans la constellation des scientifiques. Avec sa silhouette de grand sage, sa voix inimitable et son regard malicieux ; il a su nous faire comprendre et aimer le cosmos.
Hubert n’est pas devenu pour rien le scientifique préféré des Français. Son talent pour le partage et sa capacité à raconter des histoires lui ont donné une place vraiment spéciale dans le cœur de beaucoup d’entre nous. Son travail de chercheur en physique théorique puis son engagement pour l’environnement résume le parcours d’un homme qui avait à la fois les yeux rivés vers le ciel mais aussi les pieds bien ancrés dans la Terre. Il est souvent venu à notre micro pour évoquer ces deux aspects de sa vie professionnelle….
Comment Hubert Reeves en est venu à s’intéresser aux sciences ?
Hubert Reeves : « Dans ma famille, on a tout fait pour m’emmener sur le chemin des sciences. L’instruction comptait beaucoup. Ma mère disait : « On n’a pas beaucoup d’argent. On ne vous laissera pas un héritage important, mais on vous donne l’instruction ». Je lui suis infiniment reconnaissant quand je vois la quantité de jeunes aujourd’hui qui ne peuvent pas accéder à des études supérieures.
Ensuite, la découverte des sciences s’est fait grâce à un ami de la famille, un moine trappiste botaniste très célèbre au Québec. On allait lui rendre visite et il me montrait dans son microscope ces petits animaux. C’était une impression extrêmement forte pour moi. Je me souviens de ces heures passées dans son laboratoire à regarder ses recherches. C’était un homme très bon, accueillant, et très patient. Il pouvait expliquer et répéter les choses. J’avais un très bon rapport avec lui. J’insiste beaucoup sur l’importance du rapport humain dans l’éducation. Souvent, on dit que l’on va changer de programme. Mais le plus important est le rapport affectif entre l’enseignant et l’enseigné. Quand vous aimez bien la personne, si vous sentez son affection, vous êtes prêt à vous mobiliser pour apprendre. »
D’où lui venait l’amour pour le ciel ?
L’astrophysicien a raconté comment l’attrait pour les astres lui était venu : « On avait une maison de campagne au bord d’un grand lac, le Lac Saint-Louis, près de Montréal, au Canada. Là, on voyait très bien le ciel la nuit. Comme il n’y avait pas d’éclairage urbain, qu’il faisait grand noir, on pouvait voir la Voie lactée. Avec des amis, on s’était fabriqué un télescope dans un vieux tuyau de cheminée. Reconnaître les constellations, voir les planètes passer d’une constellation à l’autre me fascinait. »
Et l’attrait pour la nature ?
Hubert Reeves se souvenait d’une éducation à la beauté naturelle : « Ma mère nous faisait venir pour voir les couchers de soleil. Il y avait véritablement chez mes parents une vénération de la nature. Ils étaient très catholiques et l’environnement était l’œuvre de Dieu, le message de la beauté divine. J’ai évolué sur la religion. Quand j’étais enfant, j’avais les réponses que je me posais dans Mon petit catéchisme. Maintenant, je ne trouve plus les réponses, mais j’ai toujours les questions. »
Pour une science poétique
Hubert Reeves se battait contre le « réductionnisme », ces scientifiques qui réduisaient tout à des phénomènes expliqués. Pour lui, la science n’était pas incompatible avec l’émerveillement. « Pour moi, le fait de savoir n’enlève rien à la magie de la réalité. L’extraordinaire puissance de la science est stupéfiante. Mais il faut la reconsidérer avec le regard intérieur, celui de l’émerveillement, et non pas simplement avec la vue analytique qui consiste à n’y voir que des phénomènes purement mécaniques. »
Pour une humilité de la science
Rançon de son talent à expliquer les phénomènes compliqués, l’astrophysicien était beaucoup sollicité lors des sessions de questions et réponses. Mais : « Parfois, il n’y a pas de réponse. Et il a plein de questions comme elles dans la science. Les scientifiques vous disent des choses qu’ils savent. Donc vous avez l’impression qu’ils savent tout. Mais ce n’est pas vrai. Par exemple, on ne sait pas ce qu’il y avait avant le big bang ou s’il existe d’autres planètes habitées ? On n’en sait rien. »
Le jardin source d’émerveillement
Pour Hubert Reeves : « On peut aller au bout du monde pour découvrir des choses merveilleuses. Mais on en a sous ses pieds. On peut les ignorer toute sa vie si quelqu’un, ou un livre, ou quelque chose, ne vous les présente pas. Dans ces temps moroses, comme on dit, il faut cultiver. Il faut apprendre aux gens à cultiver ces sources de plaisir. En particulier le jardin des fleurs sauvages, celui qui pousse tout seul. »
Garder la terre habitable et agréable à vivre
Pourquoi les humains ne prennent pas plus au sérieux le dérèglement climatique ? Pour l’astrophysicien, ce comportement s’expliquait : « Il y a cette habitude humaine de casser le thermomètre quand on a de la fièvre. On ne veut pas savoir et il faut vraiment que ça fasse mal pour qu’on devienne dynamique. Et ça s’appelle au Québec le « PFH » : le putain de facteur humain ! »
Conseil à un jeune qui voudrait devenir astrophysicien
Hubert Reeves : « La première chose, c’est d’être curieux. Si on fait de la science, on ne devient pas millionnaire, bien qu’on en vive pas trop mal. Mais surtout, il faut avoir envie d’explorer et de comprendre la réalité. Le deuxième aspect important : il faut aimer les mathématiques ! »
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